Fétiches, cinq caprices pour violon
Présentation :
Feiticio: chose fabriquée, amulette, artifice.
Ces objets rituels qui nous accompagnent, nous protègent, nous rassurent au quotidien, donnent corps à nos peurs, nos désirs, nos passions. Mais si nous les choisissons parfois, ils peuvent eux aussi nous choisir… Fétiches compte cinq caprices pour violon seul, ustensiles magiques, renfermant chacun leur propre magie, leur propre signification.
Fétiches peut alors se lire à plusieurs niveaux : Noëmi Schindler, la violoniste qui a inspiré ces pièces, est pour moi une musicienne fétiche. Elle incarne un son de violon avec lequel j’ai grandi en tant que compositeur. Le violon est, lui aussi bien entendu, un instrument fétiche. Sa matière, ses arabesques, ses chevilles, son équilibre: tout en lui porte une force et un certain mysticisme. Un assemblage de bois, quasi magique.
Enfin, chacun des cinq mouvements qui composent la pièce sont eux mêmes des objets sonores, cinq caprices spécifiques, caractériels, qu’il faut savoir dompter et dresser, tout en y cédant:
I- L’énergique d’abord, premier caprice, concentré de dynamisme, de joie, d’excitation. Un mode de jeu redoutable à équilibrer;
II- L’épaisseur, travail d’exploitation plastique de la matière sonore. Austérité de l’expression, paysage aride, quasi néant;
III- La scherzando, légère, aérienne mais précise;
IV- La lyrique ensuite, comme un chant en hommage à Debussy et son Nuages, lui aussi fétiche dans mon parcours de compositeur. La richesse d’une matière pleine.
V- L’étincelante, enfin : Un dialogue intense, entre la virtuosité, le son riche, la gageure, les éclats.